Ta fille
Hier, le prêtre, qui est venu te donner le sacrement des malades, me disait "Vous êtes devenue la maman de votre Maman".
Et pourtant non, ce n'est pas du tout l'impression que j'ai, je reste ta fille et non ta mère. D'ailleurs, tu me redonnes soudain mes doux surnoms de jadis, et tu te souviens sans cesse de moi petite, lorsque je disais ci ou faisais ça... Nous parcourons ensemble ton temps de jeune maman et celui de mon enfance réunis. C'est curieux, du reste, car avant de commencer ce blog, j'ai entrepris d'en écrire un autre, justement sur mon enfance... Comme si la fin de ta vie donnait plus d'acuité au souvenir de mes jeunes années. Je parle rarement de toi, dans cet autre blog, mais tu es toujours là présente en toile de fond, toi dont la présence stable a permis à mon enfance de s'épanouir !
Aujourd'hui, loin de devenir mon enfant, tu demeures plus que jamais Maman, me disant des mots tendres, caressant mon visage. Tu restes également grand-mère, demandant inlassablement si ta petite-fille va tout à fait bien, et tu n'en finis pas d'être arrière grand-mère t'extasiant sur la beauté de nos lutins.
Et moi je suis profondément fille, cheminant longuement dans l'amour filial, très loin. Même si parfois les soins et les caresses sont les mêmes, cela n'a rien à voir avec mon temps de mère, mais cela a tout à voir avec ma maturité qui accompagne ton grand âge. C'est un temps que nous traversons ensemble, au jour le jour, main dans la main, toi la mère et moi ta fille, toi qui m'a portée jadis.