Maigre plantule
Tu vas rentrer à la maison jeudi matin. Je m'en réjouis et je m'en effraie. Pour toi, c'est la plus douce des solutions, tu te retrouveras dans ton environnement familier, bercée par les bruits de la maison, et je serai là presque tout le temps pour toi. Ta chambre sera parée de fleurs, pour t'accueillir comme une reine. Y seras-tu encore sensible, toi qui peu à peu te détaches de tout ?
Pour moi, je peux bien l'avouer, je suis prise d'une grande crainte. Tiendrai-je le coup, heure après heure, jour après jour ? N'ai-je pas présumé de mes forces ? Ne vais-je pas reculer devant les tâches ingrates ? C'est un inconnu effrayant qui s'ouvre devant moi, et je sais aussi que je serai seule à l'heure fatidique. Angoisse, points d'interrogation...
C'est le moment de rassembler ma foi, en espérant qu'elle me soutienne. Une foi qui me semble si faible face à l'Inconnu, juste un grain de sénevé semé lorsque j'étais enfant. Mais je ne devais pas être une bonne terre, le grain n'a donné qu'une maigre plantule, à laquelle je m'accroche aujourd'hui. Résistera-t-elle ?